Le lundi 7 décembre à 14h, Aymeric Brody, doctorant au laboratoire Experice (Axe B), soutiendra sa thèse, intitulée « Apprendre à jouer le jeu : une ethnographie réflexive auprès des joueurs amateurs de poker » et réalisée sous la direction du Professeur Gilles Brougère. Le jury sera composé de :
- Mme Madeleine PASTINELLI, Professeure, Université Laval (Canada)
- M. Éric DUGAS, Professeur, Université de Bordeaux – ESPE d’Aquitaine
- M. Thierry WENDLING, Chargé de recherche, CNRS – EHESS
- Mme Pascale GARNIER, Professeure, Université Paris 13
- M. Gilles BROUGÈRE, Professeur, Université Paris 13
Elle se déroulera à l’Université Paris 13 – Campus de Villetaneuse – Amphi C (99, avenue Jean-Baptiste Clément – 93430 Villetaneuse).
[learn_more caption=”Résumé”] Cette étude porte sur la communauté des joueurs amateurs de poker en France. Qui sont-ils ? En quoi consistent leurs pratiques du jeu ? Comment se représentent-ils le poker ? Comment apprennent-ils à jouer le jeu ? Et qu’apprennent-ils en jouant ? Si ces questions de recherche renvoient essentiellement à la pratique et aux apprentissages du jeu lui-même, il s’agit bien in fine d’interroger les apprentissages associés à cette pratique dans la vie quotidienne des joueurs. Or, pour répondre à cette dernière question, encore nous fallait-il préalablement déconstruire l’idée selon laquelle le jeu est une activité séparée de la vie quotidienne. Tel fut l’enjeu du premier chapitre de notre thèse. Partant du traitement de la question du jeu dans l’histoire des idées, nous nous sommes d’abord tournés du côté des définitions socio-anthropologiques qui ont promu cette idée-force d’une séparation du jeu et de la vie courante. Un travail d’analyse critique fut alors nécessaire pour resituer le jeu dans l’économie des pratiques quotidiennes. Dans un second chapitre, nous nous sommes plus particulièrement intéressés au traitement de la question des jeux d’argent dans la littérature scientifique, en nous penchant sur la façon dont le poker y était étudié. Contrairement aux différentes études qui abordent la pratique de ce jeu d’argent sous l’angle de l’addiction ou de la déviance, nos propres recherches auprès des joueurs amateurs de poker nous conduisaient alors à étudier cette pratique sous l’angle du jeu lui-même. Dans un troisième chapitre, nous nous sommes donc intéressés à l’histoire et aux représentations du poker pour découvrir comment ce jeu avait progressivement produit sa propre mythologie, sa propre culture, ses propres médias, etc., jusqu’à ce qu’il devienne un loisir de masse pour des centaines de milliers de joueurs, notamment en France. Après cette plongée dans l’histoire du jeu, nous avons présenté, dans une deuxième partie de la thèse, le processus qui préside à la réalisation de notre enquête auprès des joueurs amateurs de poker. Sous la forme d’une ethnographie réflexive, nous sommes d’abord revenu sur l’enquête exploratoire que nous avons réalisée entre 2006 et 2007 auprès des joueurs de notre entourage (chapitre 4), alors que nous étions nous-même joueur de poker. Puis, nous avons successivement présenté les deux enquêtes menées en 2010 et 2011 sur les sites de poker en ligne et lors d’un tournoi de poker à grande échelle (chapitre 5). La troisième partie de notre thèse s’appuyait alors sur l’analyse des données empiriques issues de cette dernière enquête pour tenter de décrire la population des joueurs rencontrés sur le terrain (chapitre 6). Grâce à une analyse approfondie de leur trajectoire d’apprentissage et de leur récit de pratique, nous avons progressivement cherché des réponses à nos questions de recherche en nous interrogeant, d’une part, sur la façon dont ces joueurs amateurs apprennent à jouer au poker (chapitre 7) et, d’autre part, ce qu’ils en retirent dans leur vie quotidienne (chapitre 8). Nos analyses nous amènent finalement à remettre en question les définitions du jeu présentées dans la première partie de la thèse et à envisager un nouveau cadre théorique pour penser les pratiques et les apprentissages du jeu.[/learn_more]