
Soutenance de thèse de Alban Roblez
Alban Roblez soutiendra sa thèse intitulée “Vivre l’expérience de l’évaluation : contributions phénoménologiques “ le 14 juin 2022.
Membres du jury
-
-
- ANDRÉ Amaël, université de Rouen Normandie, pré-rapporteur
- MUTUALE Augustin, ICP (Paris), pré-rapporteur
- BAEZA Carole, USPN (Villetaneuse)
- DEPRAZ Natalie, Université de Rouen (Rouen)
- HADJI Charles, Université Grenoble Alpes (Grenoble)
- MOTTIER LOPEZ Lucie, Université de Genève (Genève)
- JANNER-RAIMONDI Martine, USPN (Villetaneuse), Directrice de thèse
- BLANCHARD Christophe, USPN (Villetaneuse), Co-encadrant de thèse
-
Résumé de la thèse
Cette thèse s’inscrit dans les sciences de l’éducation et de la formation, et plus particulièrement en philosophie de l’éducation (Morandi, 2003 ; Mutuale & Berger, 2020 ; Reboul, 2020). Après avoir fait un état de l’art sur les différentes approches de l’évaluation, ce travail doctoral vise à rendre compte des expériences vécues de pratiques d’évaluation par les évaluateurs eux-mêmes et les évaluatrices elles-mêmes. Pour cela, nous avons eu recours à une « phénoménologie pratique » (Depraz, 2009 ; 2012 ; Depraz, Varela & Vermersch, 2011 ; Vermersch, 2012). Cette investigation s’est effectuée dans le milieu de la formation professionnelle, dans le cadre d’une recherche empirique menée entre Septembre 2018 et Juillet 2021 en contexte de pandémie du COVID 19 dans le secteur de l’animation professionnelle, portant sur les vécus d’expériences de quatre évaluateurs afin, dans un premier temps, d’en décrire les contenus concernant : les déroulements temporels (Vermersch, 2012) de chaque expérience, ainsi que les exemples (Depraz, 2009 ; 2012) d’expériences donnés comme tels aussi bien dans les moments d’explicitation et de récit, que dans les observations des séances d’évaluation, réalisées par le chercheur. D’autre part, le langage de l’éprouvé (Depraz, 2009 ; 2012 ; Janner-Raimondi, 2017 ; Rigiel, Pellat & Rioul, 2016) est également étudié afin de repérer comment celui-ci modélise l’expérience racontée et décrite par le sujet lui-même, notamment au niveau des variations repérées. Enfin, les résonances (Rosa, 2018) intuitives, c’est-à-dire ce dont nous faisons nous-mêmes l’expérience, en tant que chercheur, ont été examinées dans la compréhension et la mise en description des trois précédentes catégories d’analyse.
Les principaux résultats montrent qu’une expérience évaluative est un vécu de perception(s) et d’intention(s) autant qu’un vécu d’actions. À partir des profils phénoménologiques dégagés, nous observons la prégnance de la relation du sujet à son espace, aux sujets-alter-ego et aux objets présents en situation. L’état des données ainsi constituées donne l’occasion d’élaborer dans un second temps la thèse défendue comme suit : Actions, perceptions et intentions se configurent phénoménologiquement chez le sujet qui pilote l’évaluation dans (au moins) deux dynamiques attentionnelles. Ces dernières sont présentées sous la forme de deux hypothèses herméneutiques basées sur l’évaluation, abordée comme une expérience vécue en première personne (Depraz, 2012 ; Depraz, Varela & Vermersch, 2011). La première est celle de l’habitation (Heidegger, 1958) de l’évaluation par le sujet, dans le sens de sa mise en chair et de son expérientialité dans son espace. La seconde est celle de l’animation de l’évaluation, dans le sens de sa mise en vie et de son affectivité pour le sujet, par les valeurs dont il vit l’expérience.
Cette recherche conduit in fine à formuler le projet d’une phénoménologie de l’évaluation en s’efforçant de monter en généralité, non sans avoir identifié les limites de l’exercice, en essayant de développer les perspectives offertes par ce travail. Au-delà de proposer où poursuivre l’investigation, notamment sur des thèmes phénoménologiques non-abordés durant ce travail, il s’agit d’établir, à la suite des travaux de Hadji (2021), un chemin pour penser son essence, constituée d’un espace de dia-logos : un lieu et un temps où expériences, savoirs et échanges se tissent ensemble pour, dans le sillon d’Ardoino (1999), que le débat scientifique prenne forme et vive dans une visée humaniste, à l’heure où une technologie de l’évaluation règne largement. Dans cette recherche, la phénoménologie est autant une méthode d’analyse, une posture scientifique qu’une voie d’accès à l’expérience, abordée non plus dans sa dimension expérimentaliste, mais dans ce qu’elle donne en chair et en os aux sujets, notamment par l’ouverture empathique (Janner-Raimondi, 2017) grâce aux relations dialogiques établies. Elle permet d’accéder à des données sensibles peu abordées ou considérées jusque-là, en raison de la dominante technique de l’évaluation qui règne actuellement.
Mots-clés : évaluation ; expérience ; phénoménologie pratique ; espace d’évaluation ; valeur.
Lien public pour assister à cette soutenance : https://spaces.zang.io/spaces/6243faaf9a943c72f27dfc0e