4e colloque du RT14 (Sociologie des arts et culture) : Loisirs et styles de vie
Le colloque est coordonné par Quentin Gilliotte, Emmanuelle Guittet et Maylis Nouvellon. Il est soutenu par l’Association Française de Sociologie, le LabEx ICCA – Industries Culturelles & Création Artistique, le CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux, UMR 8070), le laboratoire EXPERICE (Centre de recherche interuniversitaire Experience Ressources Culturelles Education, EA 3971) et l’UFR ESTHUA Tourisme et culture de l’Université d’Angers.
Présentation
Pour son quatrième colloque, le RT 14 (sociologie des arts et de la culture) s’associe au RT 11 (sociologie de la consommation et du numérique) de l’Association Française de Sociologie afin d’interroger les usages actuels du « temps libre ». Nous proposons de réfléchir à la frontière entre le loisir et le travail, qui distingue d’une part, « des occupations auxquelles l’individu peut s’adonner de plein gré » (repos, divertissement, information, création, engagement volontaire) et, d’autre part, des obligations professionnelles et domestiques (Dumazedier, 1962). Trois questions conduiront nos réflexions : comment les loisirs participent à l’élaboration de nos « styles de vie » (Bourdieu, 1979) ; comment sont-ils sources et preuves d’inégalités liées à la stratification sociale mais aussi aux rapports de domination de genre et de race ? ; et, enfin, comment le numérique vient-il, depuis une vingtaine d’années, bouleverser nos pratiques de loisirs en reconfigurant les modes de production, de circulation et d’appropriation ?
Trois enjeux transversaux irriguent notre approche. L’une des forces des travaux classiques, en particulier ceux de Pierre Bourdieu (1979), était d’intégrer l’étude du loisir dans celle, plus générale, des styles de vie, autrement dit de chercher à comprendre les associations des loisirs avec les autres sphères de la vie quotidienne, du travail aux attitudes politiques. Nous invitons les intervenant·es de ce colloque à dépasser la logique monographique et à confronter leurs résultats à ce que la littérature sociologique décrit des styles de vie des participant·es aux mondes de loisirs. Un deuxième enjeu transverse du colloque est la stratification sociale des loisirs qui, si elle a évolué au cours du temps, demeure forte (Coulangeon, Menger & Roharik, 2002 ; Lombardo & Wolff, 2020). Nous nous intéresserons également aux inégalités et aux différences liées aux appartenances de genre et de race, dans une perspective intersectionnelle. Le numérique constitue le troisième axe de notre questionnement. Il vient modifier les pratiques de loisir de trois manières : en venant équiper les mondes de loisir traditionnels, à la manière du tricot (Zabban, 2015 ; 2016) ; en numérisant certaines pratiques traditionnelles comme l’écoute de musique (Granjon & Combes, 2007) ou la visite patrimoniale (Donnat, 2016) ; et en proposant de nouveaux loisirs comme les jeux vidéo (Ter Minassian, Rufat & Coavoux, 2012). Ces nouveaux loisirs que l’on pourrait dire « proprement numériques » s’inscrivent néanmoins dans des généalogies d’équipements et de pratiques (Berry, 2015) : leur place au sein du quotidien est moins souvent inventée de toute pièce que réaménagée (Boutet & Ter Minassian, 2015).
Les trois enjeux de ce colloque apparaissent sous un autre jour avec la crise sanitaire venue bouleverser le rapport au temps, les modes de travail ou de scolarité. Le confinement a contribué à réorganiser des loisirs soudainement cantonnés au domicile (hausse de pratiques culturelles numériques, intensification des pratiques en amateur) et, pour certaines pratiques, à atténuer des inégalités sociales ou générationnelles (Jonchery & Lombardo, 2020). Pour explorer ces enjeux transversaux, le colloque se concentrera sur cinq angles d’analyse qui éclairent des aspects parfois encore peu explorés des travaux sur les pratiques de loisirs. Les travaux examinant d’autres pistes s’inscrivant dans la thématique seront également examinés avec attention.